28 décembre 1895: Première séance publique du 7e Art

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Fabienne Manière, Herodote.net про перший кіносеанс братів Люм’єрів.

La première séance publique de cinéma a lieu le samedi 28 décembre 1895, dans le sous-sol du Grand Café, 14, boulevard des Capucines, à Paris.

Depuis le 22 mars précédent, les frères Lumière, inventeurs du cinématographe, ont déjà présenté leur invention à des cénacles de scientifiques. Cette fois, ils s’adressent au grand public. Parmi les privilégiés de ce jour historique se tient un magicien… Georges Méliès. Il sera le véritable fondateur du « 7e Art ».

Le public découvre le cinéma

Louis et Auguste Lumière ont d’abord songé à louer une salle au musée Grévin ou aux Folies-Bergères. Mais les propriétaires leur ont fermé la porte au nez. Ils se replient finalement dans le Salon Indien, une salle de billard du Grand Café, actuel Hôtel Scribe. Elle compte une centaine de places. Le propriétaire de l’établissement, M. Volpini, la leur loue trente francs par jour et dédaigne de participer aux bénéfices…

Une première représentation, l’après-midi, est réservée à quelques invités triés sur le volet ainsi qu’à la presse. Mais les journalistes ayant bien mieux à faire un samedi soir, le spectacle ne fera l’objet d’aucun écho dans les journaux des jours suivants.

Le soir, 35 badauds en tout et pour tout se laissent attirer par l’affiche du « Cinématographe Lumière ». Ils ont payé un franc et se demandent, intrigués, ce que ce « cinématographe » peut avoir de plus que les lanternes magiques des fêtes foraines.

Mais voilà que l’opérateur allume une boîte en bois. Le mur prend vie et le public, médusé, assiste à la représentation de plusieurs sketches, à commencer par La sortie des ouvrières de l’usine Lumière, puis une Leçon de voltige à cheval, une Pêche aux poissons rouges…

L’effet est saisissant. Le bouche à oreille amène des centaines de personnes à faire la queue devant le Grand Café, où s’enchaînent les représentations. Elles durent chacune une vingtaine de minutes… L’arroseur arrosé et L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat, projetés après quelques semaines, font un tabac. Les frères Lumière enregistrent jusqu’à 2500 billets par jour !

Les prémices du 7ème Art

Les invités de la séance de l’après-midi du 28 décembre n’ont pas été moins enthousiasmés. Le directeur du musée Grévin offre vingt mille francs pour l’appareil, les directeurs des Folies Bergère montent jusqu’à cinquante mille.

Le prestidigitateur Georges Méliès (33 ans), directeur du théâtre Robert Houdin et passionné de magie, se précipite aussi vers les frères Lumière pour acquérir leur appareil. Il en offre dix mille francs. À ce qu’il racontera plus tard, Auguste refusa de le vendre, disant : « Remerciez-moi, je vous évite la ruine, car cet appareil, simple curiosité scientifique, n’a aucun avenir commercial ».

Les deux inventeurs, toutefois, savourent le succès populaire de leur invention. Quelques mois plus tard, ils ouvrent à Paris une salle dédiée exclusivement à la projection de petits films (les « vues Lumière »). Ils forment également des opérateurs qui se portent acquéreurs de leurs appareils et, en quelques mois, diffusent le cinéma dans le monde entier.

Deux ans plus tard, le 4 mai 1897, c’est dans une salle de cinématographe que se produit le mémorable et dramatique incendie du Bazar de la Charité. La réputation du cinéma en est momentanément affectée, du moins en France. Les frères Lumière réagissent promptement en mettant au point un système de refroidissement destiné à prévenir l’échauffement de la pellicule.

Ils triomphent lors de l’Exposition universelle de 1900, à Paris, avec des projections sur un écran géant de 336 m2, comparable à nos plus grands écrans actuels, devant 80 000 spectateurs simultanément.

Dépassés par le succès de leur invention, les frères Lumière, qui sont avant tout des industriels, vont interrompre les tournages en 1905 pour se consacrer désormais à leurs usines et au développement de leur procédé Autochrome de photographie en couleur.

Louis et ses opérateurs auront tourné au total 1422 « vues Lumière » de 50 secondes chacune.

Le premier acteur

Dans la partie d’écarté, diffusée en mars 1896, apparaît celui que l’on peut considérer comme le premier acteur et cabotin de l’histoire du cinéma en la personne du serveur de café !…

Pendant ce temps, par ses propres moyens, le magicien Méliès monte sa propre activité cinématographique. Plus que les frères Lumières, il entrevoit la dimension artistique du cinéma et va lui donner ses lettres de noblesses. Il en est le véritable fondateur.

Fabienne Manière, Herodote.net, 15 листопада 2019 року